Liliane Schraûwen, Traces perdues, éditions Bleu d’encre (142 pages, 2022, 14 euros)

Un épais recueil divisé en plusieurs parties qui constituent autant de petits recueils bien distincts. Des villes, des paysages sous la pluie, les nuits, l’Afrique, les voyages, l’enfance, les drames du monde, les saisons et leur paradoxe, le temps qui passe et qui est aussi celui des souvenirs, sont quelques-uns des nombreux thèmes évoqués.
La première partie traite des « mots » et révèle sans doute en partie le processus / les habitudes d’écriture de la poète. Les mots, « venus d’on ne sait d’où », « venus d’ailleurs », « qui viennent de loin » et qui « s’éveillent dans la nuit » et « se couchent dans son(mon) lit, brillent sous ses (mes) paupières » ; ces mots presque insaisissables et volatils, « papillons légers » qui « se dispersent dans le vent »… « Et rien ne demeure à la fin que le silence blanc et la mémoire éteinte ».
On n’oubliera pas non plus que l’auteure a passé de nombreuses années en Afrique, d’où elle ramène un mélange d’images à la fois éclatantes et inquiétantes.
Une certaine nostalgie baigne tout le recueil. La mort, partout présente d’une manière ou d’une autre, rôde souvent, rappelée sur bien des pages à la conscience.
Tout va vers sa fin, tout passe et tout s’achève.
Même l’enfance meurt.

« Les enfants finissent par mourir
à quinze ans à vingt ans à trente ans
Ils font place à des hommes
devenus étrangers
qui ont tout oublié du ventre et de l’amour
qui les ont portés »

Le poème suivant insiste sur ce temps, inéluctable, qui nous fuit, « L’enfance est morte/et morts sont les enfants/devenus grands ».

Quant au « Penseur de Rodin », l’auteur voit surtout son « Visage torturé/son regard est dans l’ombre/comme s’il languissait/sans savoir et san espoir(…)Son destin est le mien ».

Martine Rouhart