Marcel Procureur, Un homme de lettres, Acrodacrolivres, 2018

Léon, jeune et beau facteur célibataire, est engagé en tant que stagiaire au bureau postal d’un paisible village. À partir de cette situation, Marcel Procureur nous entraîne dans les méandres d’une histoire rocambolesque où se mêlent les notations pittoresques, les traits de caractère des gens de la campagne, les sentiments qui les rassemblent ou les opposent, sans oublier les imprévus de la vie ordinaire.
Car l’auteur est un narrateur hors pair. Il maîtrise l’art du rebondissement. Tout au long du récit, il conduit ses personnages d’aventure en aventure. Léon, mais aussi Maurice, le percepteur, Juliette, sa fille, Madame de Trévire, la châtelaine du village, toutes et tous apportent au lecteur leur lot de surprises, si bien qu’il est difficile de deviner l’issue de l’intrigue.
Marcel Procureur possède en outre un merveilleux talent de portraitiste et de descripteur. Chaque événement est introduit par une courte séquence de mise en situation. Exemple : Alfred les précéda sur les marches d’un vaste escalier de marbre grimpant le long de sa rampe dorée et torsadée jusqu’à une galerie encombrée d’austères portraits et de rebutants trophées de chasse. (page 32) Les figures de style abondent. Maurice, ayant été affublé par sa charmante épouse du surnom de Napoléon, une longue personnification est enclenchée où se mêlent l’impératrice, l’aiglon, Austerlitz, l’armée en campagne et tutti quanti.
On peut se demander à quelle époque se situe l’histoire. Il y est question de bœufs tirant de lourds chariots dans les chemins pierreux. Quant au bureau de poste, il est manifestement d’un autre âge, évoqué avec nostalgie. Bref, Cet homme de lettres tient à la fois du roman régionaliste et populaire ; il est un brin passéiste et en outre très bien écrit.

Jacques Goyens