Marie-Monique Houart Clichés croisés et petit meurtre à Chypre, roman, Impression Nuance 4, 2019.

Le cadre de ce roman est celui d’un voyage en groupe organisé pour découvrir la partie nord de l’île de Chypre. Départ en avion de Bruxelles et cohabitation forcée dans l’autocar pour les visites sur place. Qui dans sa vie n’a pas expérimenté cette façon particulière de voyager ?

Marie Monique Houart, plutôt que de faire découvrir l’île et ses sites pourtant intéressants et méconnus, embarque le lecteur dans une observation d’ordre sociologique des « clichés »inhérents à ce type de voyage. En fin de parcours, une composition détaillée du car rappelle les singularités du groupe : Mr Rigolo (toujours une bonne blague bête prête à la bouche) ; des couples bien typés dont celui  de Mr et Mme Retraités chics, toujours soucieux de leur tenue vestimentaire, ou encore de la paire Poussin-Poulet qui s’adorent mais se chamaillent sans cesse ; Miss Doggy Bag (qui ne peut manger le soir un repas comme tout le monde) ; Mr Ecolo ; Mr Je sais tout ; Marge et Chantal, inséparablement liées par une amitié troublante…

Tout ce petit monde bavarde… beaucoup… sur toutes sortes de sujets, le plus souvent futiles. Les dialogues abondent donc, emplis de prétention, d’égoïsme et de vacuité. L’auteur annonce fournir un échantillon de notre humanité qui défile à la recherche d’un sens. On se parle, non par envie de connaître l’autre mais parce qu’on y est contraint, vu les circonstances. Ce qui se déroule durant ces moments partagés n’a rien d’important, de fort, de concret. A tel point que l’inattendu « petit meurtre » final restera non élucidé. Peut-être après tout n’était-ce qu’un accident ?

Une fois arrivés à l’aéroport en vue du retour, les voyageurs se dispersent sans état d’âme, comme si rien ne s’était passé vraiment. Ils ne se donneront plus de nouvelles par la suite. L’insignifiance, le vide immense que tout être humain porte en lui est certainement ce que révèlent ces amers clichés croisés.

 

Martine Melebeck