Maurice Vandeweyer, Balades entre châteaux et légendes, contes et nouvelles, Ecrifix.be, 226 p., 20 €

Maurice Vandeweyer n’en est pas à son coup d’essai en ce domaine: il est par ailleurs journaliste de la presse quotidienne, et gastronome, ce qui ne gâche rien à l’affaire.

Pour cette fois, il a choisi de nous entraîner dans le sud de l’Entre-Sambre-et-Meuse, son territoire de prédilection, à la poursuite des nutons, diables, monstres et sorcières, tout en nous faisant faire le tour de son territoire et en faisant précéder chaque récit qui s’y rapporte d’une brève notice historique. Vous y apprendrez ainsi comment nos bonnes communes ont fréquemment joué à saute-mouton par-dessus la frontière, depuis la rivalité entre François Ier et Charles-Quint, sans oublier bien sûr les princes-évêques de Liège, qui avaient aussi leur mot à dire. Juste une petite réserve: il ne me semble pas que les Sarrazins soient jamais montés jusque chez nous, mais leurs invasions ont dû frapper les esprits, jusqu’à caractériser des faits ou des objets très anciens. Et comme notre région produisait beaucoup de fer, donc de scories, on a donné à celles-ci le nom de Crayas d’ Sarrazins, tout comme un vieux pont se voyait qualifier de pont romain, même s’il ne remontait qu’au Moyen-Age. Mais c’est, encore une fois, un simple détail.

Pour le reste, Maurice Vandeweyer joue avec une grande maëstria des thèmes anciens, il ménage pas mal de suspense, et son livre se lit avec beaucoup d’agrément. Il a lu tout, ou presque tout, de ce qui concerne sa région, et son érudition est très sûre, sans rien avoir de pesant. tenez, un petit passage, concernant Couvin, rien que pour vous mettre en appétit, à la page 25:

Comme si les éléments rejetaient le pacte maudit qui venait de se conclure, un orage d’une rare violence s’abattit sur Couvin et ses environs immédiats. Les vents hurlèrent, abattirent des arbres, soufflèrent des portes et des toitures mal arrimées. Une bourrasque glacée, pareille à celle qui est redoutée le jour de l’Apocalypse, se mit à souffler dans les vallées. Et les sommets s’effacèrent dans des brumes opaques. Les quelques soldats restés de garde au château s’enfuirent se réfugier dans la tour de guet. Ils avaient combattu en Terre sainte, pourtant, et en avaient vu d’autres. Effrayé, le chapelain entra dans la chambre de Johan et exhorta Dame Alizon à venir faire ses dévotions à la chapelle. La nuit s’y passa en veillée de prières.

Noël approchait à grands pas.

Pour ceux qui aiment les spots, ou noms jetés, ils en découvriront pas mal au fil de ces pages:depuis les Pansards de Couvin, jusqu’aux Leus de Frasnes et aux Côpeûs d’ keuwe aux bourikes de Mariembourg. Et les récits de faits de sorcellerie, les feux follets, les souterrains mystérieux ne manquent pas non plus…Les illustrations sont très parlantes et particulièrement bien adaptées.

 

Joseph Bodson