Pascal Feyaerts Locataire poèmes éditions Le Coudrier préface de Philippe Leuckx illustrations de Derry Turla (16 euros ; 57 pages, 2022)

Un peu locataire de lui-même et de ses mots, Pascal Feyaerts est clairement « habité » par son texte.
Regard tranchant, l’auteur aurait-il cette initiative de « couper la mort/ en deux » ?
L’auteur entre sans doute en lui-même « Par effraction/ comme ça/ Sans prévenir/ Sans la moindre clé », avec parfois le doute de Dieu et de l’Homme, se rendant compte que « Fleurir/ Est le seul Présent/ Acceptable ».
Il ajoute ainsi une cathédrale à l’expiation d’autrui ramenant ensuite l’idée à la simplicité de quelques « humbles briques ».
Pascal use de contrastes et de choses plaquant le ciel au sol, sans duperie laissant la trace survivante : « la mort n’écrit pas de livres ».
Sans doute faut-il se faire à l’idée qu’« il manquera toujours quelqu’un à la table des errances ».
Les mots sont parfois imprononçables pour dire.
Que reste-t-il dès lors du cheminement sinon rêver quand « connaître le poids du sable/ C’est s’en remettre au désert » ?
En toute évocation ce poète a le sens des limites sauf pour la beauté de ce qu’il exprime quand il mêle monde extérieur et introspection : « Et si la poussière/ Venait à battre des cils/ A l’heure où/ Dort la Vérité ? ».
Les illustrations de Derry Turla magnifient ce sublime recueil où le poète vient très certainement d’ouvrir une porte qui lui est neuve et qui, peut-être, qui sait, est également essentielle au passage d’autrui.

Patrick Devaux