Philippe Colmant Maison mère poèmes éditions Bleu d’encre (12 euros ; 60 pages,2022)

« Même si secrètement on porte/Des graffitis au cœur », l’enfance paraît idéale ou idéalisée dans ce recueil où Philippe Colmant donne à la maison même de son jeune âge le rôle principal. Cette maison devenue « asile/avec son (ton) toit percé » est clairement rendue vivante tant elle paraît agissante prenant presque la place du rôle de la mère : « …la maison/restait toute petite/comme un ventre de mère ».
Bien sûr, il s’agit sans doute d’une belle reconnaissance filiale en évoquant, de cette façon, les premières années heureuses. Elles vont de pair avec une certaine nostalgie des « bouquets hétéroclites/pour le vase du cœur ». L’auteur rend bien ces gestes et l’enfant est très visible entre les mots vécus dans un langage qui permet une tranquille fluidité.
Le poète sait bien rendre cette atmosphère quand, à partir d’une mangeoire à oiseaux ou d’un ciel nocturne étoilé il peut révéler le moment exact.
Ce recueil est un album photo rendant une juste époque dans un lieu très peu restauré rendant la maison réelle avec ses qualités et ses défauts. Le raccourci de départ transcende le temps rendant la maternité efficace, belle et initiale. La prise de conscience de l’âge adulte se fera, notamment, avec le rappel de l’albatros de Baudelaire apparaissant tel un surgissement.
Certains s’identifieront peut-être à cet enfant qui ressemble à ceux des tableaux impressionnistes de Renoir ou Berthe Morisot.
D’autres, sans doute, auront, pour un court moment, rêvé avoir été cet enfant.

Patrick Devaux