Philippe Colmant, Quelque part au large, poèmes, Editions Demdel, 12 euros

 De recueil en recueil, le poète et auteur de polars Philippe Colmant, nous livre un peu plus de lui, creuse encore un peu plus loin, approfondit son introspection, tout en allégeant les lignes et les vers de ses textes.

C’est que l’on se laisse ici entraîner par un mélange de légèreté et de profondeur, une sorte de va-et-vient entre la joie fragile et une tristesse en germe, comme va la vie, tissée de doutes et trouée d’absences.

Les belles photos de cieux tourmentés d’aurore et de crépuscule font bien plus qu’illustrer le recueil, elles nous emportent vers des ailleurs lointains et un peu incertains, mais où, toujours, brille une lumière.

L’auteur nous parle d’amour, et de son absolu presque inatteignable :

C’est une île inconnue, / Plus vierge que la lune, / Bien au large du monde/ Et à l’abri des vents. / (…) /Et cette île inconnue, / Que je connais pourtant/Pour l’avoir tant rêvée, / Elle porte ton nom.

Ou encore : Je te rêve en silence, / accoudé au désir/ De te serrer encore/ Contre mon cœur qui sonne/ Comme une horloge folle/ Chaque fois qu’il te voit.

L’on passe sans cesse de l’amour douceur à l’intranquillité : A trop craindre l’on perd/ Le sens de l’éperdu, /Assis entre deux chaises/ ou alors à genoux / (…), des tourments à d’éternelles renaissances : (…) / Tu ne demandes rien. / Tu as les yeux fermés / Et la tête nichée/ Au creux de mon épaule. / Et moi, qui fus si mort, / Il me semble renaître/ A sentir dans mon cou/ Le souffle de ta joie., et de la mer on s’élève dans les montagnes puis dans les cieux en compagnie des oiseaux.

 Comme dans les recueils précédents, l’auteur ne se lasse pas d’interroger le temps et toutes ces choses qui passent en laissant dans leur sillage leur lot de nostalgies : Assis sur le seuil lisse/ De cette nuit qui glisse/ Comme une pluie en grains/ Sur les peaux de chagrin, / Je voudrais bien savoir, / Ô dieu du grand lavoir, / Si les étoiles pleurent/ Lorsque les amours meurent.

L’on ne peut aussi que s’émouvoir lorsque l’auteur convoque les figures absentes, en particulier son père : La nuit me prend/ Comme un enfant/ Les yeux ouverts/ Dans ses bras bleus. / Je me souviens/ D’une voix chaude, / De ces mots doux/ Que murmurait/ Mon humble père/ Les soirs troués/ De grand chagrin. 

Martine ROUHART