Caroline Tapernoux, Une femme d’extérieur, roman, Academia, 2019

Il s’agit plutôt d’un récit, qui brosse le portrait de Marthe, une femme affranchie, un brin désinvolte et fantasque, telle qu’elle est perçue par sa petite-fille.

Dans un style libre et familier, un peu comme l’on écrit son journal, la narratrice s’adresse à sa grand-mère, à présent décédée. En convoquant les souvenirs et alignant des faits du passé, elle retrace une partie de la vie de Marthe et de ses relations avec la famille, jusqu’au moment, douloureux pour chacun, de son placement dans une maison de retraite, un monde nouveau et étranger que Marthe, contre toute attente, « conquiert ». Elle y trouve une certaine sérénité, sans plus se sentir jugée.

« Un être humain parmi les autres, une toute petite bonne femme (…) A travers la fenêtre de ta chambre, tu crois entrevoir la mer et t’ébahis devant tant de grâce ».

Tout le monde ne la comprenait pas, Marthe, à commencer par elle-même. Malgré les blessures, on sent pourtant la tendresse qu’éprouve pour elle sa petite-fille, on devine aussi en filigrane quelque regret, la sensation diffuse- pour l’une comme pour l’autre- d’être sans doute passées à côté de quelque chose d’essentiel.

Au terme des souvenirs relatés et de réflexions qu’ils ont suscitées, le récit se conclut par une sorte de lettre imaginaire adressée par la narratrice à sa grand-mère, où elle la remercie de ce qu’elle lui a apporté, en particulier de la force qu’elle a insufflée dans sa vie.

« Je te laisse te trop-plein, l’excès, et je garde ce qui peut m’aider à continuer ma route ».

Martine Rouhart