Chantal Bauwens – Je drague sur le net et ça marche ! éd. La boîte à Pandore – 266 pages – 18,90 €

Et ça marche ? Tout dépend de ce que l’on cherche sur ce genre de site (payant) où on fait son marché, où les candidats au bonheur se présentent comme des marchandises à « ajouter au panier », où les usagers de ce type de contact semblent champions de l’illusion et du mensonge, chacun cherchant à paraître sous son meilleur (faux ?) our.

Ces rapports virtuels déshumanisent les relations humaines : on apprécie un être non pour ce qu’il est mais pour ce qu’il dit être, on choisit sur une image et une étiquette explicative, on sélectionne un être virtuel, sans corps, sans voix, sans yeux, sans odeur, sans vibration, sans magnétisme… qui vous trompe souvent sur son âge, son état physique, son état civil, ses diplômes, sa culture et ses intentions.

Cette quête désespérée et dérisoire offre peu de chance de succès. Bien sûr, le filet ramènera des prises, des contacts épistolaires auront lieu (par mail, donc on ne voit même pas l’écriture, qui pourrait éclairer d’un certain jour la personnalité du correspondant). On les prolongera, on pèsera le pour et le contre, on se téléphonera, on ira jusqu’à se rencontrer. Mais rarement à se plaire sur tous les plans et à aboutir à une relation valable. Il n’y a pas de secret : pour se connaître et se reconnaître, il faut se voir, se sentir, se parler, s’écouter, vibrer en tant qu’êtres de chair et d’émotion. Sans compter l’aspect cruel de toutes ces rencontres avortées, qui renvoient les recalés à leur solitude, un peu plus moches qu’avant. Il faut dire aussi que les attentes des uns et des autres ne se rencontrent pas nécessairement. Les hommes chercheraient plutôt le « bon coup » et réclament une femme jeune et belle, les femmes chercheraient plutôt la sécurité dans tous les domaines. Alors, pour le fun, pour l’aventure, pour le coup de dé ? On ne sait jamais, sur un malentendu, ça peut marcher. Et il y en a pour qui ça marche – nous dit le titre.

Isabelle Fable