Insolence du désir de Monique Voz / Pierre-Jean Foulon livre/enveloppe
édition Le Spantole 2021

A partir d’un « trou de ver », initié en 3D par Monique Voz, Pierre-Jean Foulon voyage dans les mots avec la progressivité du mouvement.
Les mots s’y précipitent avec une sorte de surréalisme suscitant une certaine forme de désir.
« Insolence du désir » est une douce approche des gestes lents étendus en mots devenant particules atomiques agitant la phrase. Si « l’art n’a rien d’une autruche », le poète ne met pas non plus la tête dans le sable pour ne pas voir. La vie prédomine avant toute chose avec la satisfaction du plaisir immédiat.
Y paraît une image d’un désir convenu sans doute à travers l’art : « Souligné d’encre, la jolie rousse appelle en son minuit un déluge de gestes et de pupilles ».
Le poète est probablement davantage ancré dans le fantasme que dans la réalité, la « chaste fumée de l’encens provocant (provoque) un étrange malaise ».
Le principe du livre/enveloppe renvoie au courrier à partager. Les destinataires différents y verront sans doute (ou peut-être) un courrier qui pourrait leur être adressé.
Le désir de partager comblera le lecteur/ la lectrice si la « zone éruptive de songes » lui convient au moment du courrier à lire.
En effet, si « un épanchement automatique du texte organise le discours mieux qu’un colloque tenu par des pairs », rien ne vaut la maîtrise des mots guidés dans le tunnel du « trou de ver » car, de lui, on ne sait pas grand-chose.
Subsiste alors ce mystère de mots où le futur possible ramène à une certaine lucidité : « Tout rusé que tu sois, tu n’as que peu de moyens à conserver à ton futur. A peine quelques lignes peureuses ébauchées en des carnets soufflés d’encre et d’angoisse ».
Bouteilles à la mer, voilà les mots partis pour un voyage final dont on ignore les destinataires.
Ce « trou de ver » me fait penser à ces capsules temporelles enterrées au fond d’un possible jardin et à ouvrir dans quelques décennies.
Avec un « trou de ver » cela risque d’être plus long, la destination n’étant pas cernée.
Le poète, toujours, connaîtra le début de son voyage. Jamais la fin.

Patrick Devaux