Jean Loubry, Et là le lieu plus loin que là, Bleu d’encre ( 2024, 39 pages, 15 euros)

Le libellé du titre annonce le ton de ce recueil sobre, original.

Des vers très courts, peu de phrases construites, pas toujours de véritable souci de syntaxe.
Des images un peu magiques, précises, du dehors et du dedans, s’impriment avec un charme étrange dans la tête du lecteur.
A coups de mots, de répétitions, qui donnent au livre sa couleur, son rythme un peu lancinant, presque obsédant.

Nombreux sont les textes poignants ; de fort lointains souvenirs (souvent d’enfance) semblent être jetés (parfois douloureusement) sur la page par la pensée et la mémoire:

C’est pas bien loin qu’il dit- deux ou trois kilomètres-
Mais pourtant n’ira pas jusqu’où est le village
Sans doute plus jamais n’ira au village
Et si l’un de ces jours devait le traverser
Voudrait ne pas savoir qu’encore on y habite

Comme si le poète nous livrait quelque langage en réalité secret, tenu pour lui seul:


Me souviens
que c’était là

Ou plutôt
Que ce fut

Autrefois
Au temps des vieux verbes

Dans l’attente
Des baisers doux

Et des torses torrides

Dans le grand bleu
Opaque
(…)

Martine Rouhart