Edith Henry Le soir saigne rouge poèmes éditions Le Coudrier (81 pages, 2024, 18 euros)

Si nous avions pu entendre les voix de nos origines, on remarquerait sans doute que celle d’Edith Henry ressemble à une de celles-là : « Torches allumées je défais mes lourdes tresses/je découvre mes yeux de braise/j’illumine mon corps à la transe des flammes/au battement de mon île/ charriant des phonèmes de folie », l’auteure oscillant entre force et douceur mais de cette douceur de proie qui ne lâche pas prise dans ce qu’elle a à dire et à embrigader : « Doucement j’implore/ je vous implore mes sœurs ».
Sa poésie se veut appel et participative tandis que quelque chose de la force et de la conviction des pierres et des gisants la ramène aux traces qui nous habitent : « Frottis de sang trophée soyeux/réveille la foi/des gisants et d’un silex/ la jointure du temps ».
Si le recueil nous prédestine à être il invite également à la lutte et à une sorte de purification : « Nous marchons pieds nus sur nos laves- racines » en rappelant avec conviction la grandeur des mythes très féminins (Pénélope, Circé, Xéna et Mélusine) et la condition féminine : « Le cœur accouche d’un rythme/ debout/ orné de ses bijoux/précédé/de toute la musique du vivant » (Comme Circé).
Avec « les loups font silence/ quand dans un frisson d’aube/ se suture la nuit » j’ai songé parfois à la poétesse Parme Ceriset ou à la force de caractère de l’écriture de la poète Tatiana Gerkens.
Ajoutons encore que les illustrations intérieures de Catherine Berael sont particulièrement bien réussies.
Oui, Edith, comme Xéna, saigne certainement « rouge sang » et de soleil simultanément : « Je suis des amazones la cavalière la souveraine mythique ».
Sans doute est-elle, elle-même, ce « hurlement sauvage du rêve » qu’elle évoque tandis qu’une étrange photo de couverture de la créatrice styliste Rocio Pasalodos évoque mystère, angoisse retenue et questionnement.

¨Patrick Devaux