Silvana Minchella, Angela, guerrière de lumière,  éd Chloé des Lys 2016   roman

Angela, née d’une conception intentionnelle pour, à priori, repeupler un village après une guerre indéfinie, se révèle être une fille plutôt qu’un mâle attendu.

Dans ce village de montagne, retiré de toute modernité, une tradition persistante semble peser ; l’enfant en aura de multiples manifestations de rejet.

Entre mystère, recherche pseudo ésotérique et rappel d’une tradition qui ressemble à des souvenirs de l’auteur tant le récit en est précis, le livre nous fait, in fine, réfléchir sur un mode de vie oscillant entre un passé à moderniser et une certaine nostalgie de la tradition jusqu’à rappeler rites agricoles ou fermiers.

L’enfant se sentira investie de pouvoirs comme pourrait l’être aussi une certaine évolution de la société en réaction à celle en cours (exemple : protection animalière si on songe à la façon dont Silvana raconte comment, au village, on tuait les poules, etc…).

Nonobstant la similitude de vocabulaire, cette « guerrière de lumière » n’a rien de commun avec la référence au « manuel du guerrier de la lumière » cher à Coelho, étant davantage ancrée dans la réaction plutôt que contemplative.

Il y a cependant cette sorte d’appel à l’éveil des consciences à travers la vivacité naissante d’une enfant, donc un bâti préfiguré et espéré pour l’avenir.

L’œuvre fourmille de messages à peine voilés, le tout dans un style maîtrisé.

L’histoire se veut peut-être légèrement à consonance fantastique pour correspondre à un genre littéraire prisé également des plus jeunes. Mais, elle révèle, surtout je pense, une société qui, disparaissant, a d’autres espérances que nos acquis.

Il y a parfois ce ton à la « Barjavel » l’auteur de « Ravage » et « La faim du tigre », avec aussi cette prise de conscience du « grand marionnettiste », le tour de magie semblant assez réussi.

Le livre se fait donc sociétal avec évocation de thèmes bien contemporains, tels l’exil, les migrations, le mariage « convenu », la conception procréatrice, la religion, la justice, etc…

D’un microcosme évolutif, l’auteur fait le pamphlet de toute une société.

Ainsi, en qualité d’écrivaine, l’auteur se fait aussi « guerrière » pour conquérir sa place.

Davantage qu’un récit « initiatique », j’y vois plutôt la part évolutive possible de chacun, la possibilité des ressources guidée par la volonté d’être soi-même, ce qui parfois demande auprès du lecteur une certaine insistance appuyée de mots en majuscules, Silvana rendant le lecteur participatif. (« J’ai besoin de ta force aujourd’hui pour fendre les éclairs et les ténèbres »).

Cheminant vers l’Amour, Angela fera-t-elle la rencontre adéquate ?

Patrick Devaux